Accueil A la une Lutte contre les étals anarchiques : Les indéboulonnables font de la résistance

Lutte contre les étals anarchiques : Les indéboulonnables font de la résistance

Le Chef de l’Etat a jugé indispensable de rompre avec les méthodes habituelles qui ont montré leurs limites en matière de lutte contre le monopole et la spéculation. À ce titre, il y a lieu de préciser que deux phénomènes reposent fondamentalement sur les étals anarchiques et les vendeurs à la sauvette. La lutte efficace commence parfois par le bas.

La Presse— En dépit des vastes campagnes menées ces derniers jours, visant essentiellement les étals anarchiques, certains vendeurs à la sauvette continuent à défier la loi et à imposer leur propre loi non seulement aux passants et habitants, mais aussi aux marchands de primeurs menus de patente qui sont autorisés à vendre leurs produits sur les marchés. Les récentes campagnes menées par la police municipale ont été très favorablement accueillies par les citoyens.  Quoi de mieux qu’une application stricte des règlements, d’autant que les autorités locales ont pensé à l’aménagement d’autres espaces pour les vendeurs de rue.

La mafia de la spéculation

Il faut bien préciser que ces campagnes s’instaurent aussi dans le cadre de la lutte contre les réseaux informels de distribution des produits agricoles et des fruits, c’est-à-dire contre la spéculation. Les vendeurs à la sauvette servent de relais dans la chaîne de vente des produits qui passent souvent par les canaux des spéculateurs et font subir de grosses pertes à l’économie nationale et impactent le pouvoir d’achat du citoyen. Il ne faut pas oublier aussi les risques de propagation de certaines maladies du fait que ces produits exposés à la vente en plein air échappent au contrôle des autorités sanitaires. Avocats, mangues, kiwi, ananas et pommes rouges sont vendus illégalement et à des prix exorbitants par des vendeurs occupant trottoirs et rues. On ignore toujours d’où proviennent ces fruits exotiques et quelles sont les parties qui en bénéficient le plus.

Une mafia bien organisée agissant en arrière-plan semble tirer les ficelles de cette activité juteuse, sinon comment expliquer le fait que malgré les campagnes menées conjointement par les services relevant du ministère de l’Intérieur et des communes, certains étals anarchiques font de la résistance. À titre d’exemple, le cas d’un étal anarchique, mais imposant, de par l’excellente qualité des produits vendus, situé devant l’entrée d’une célèbre boulangerie au Kram (Tunis) a suscité l’étonnement des habitants du coin et des passants. Ce n’est pas seulement l’emplacement de cet étal qui se passe de tout commentaire. La raison est tout autre et nos lecteurs ne trouveront pas d’explication à cette défiance envers les règlements et même les autorités.

En effet, lors d’une toute récente campagne visant les étals anarchiques au Kram qu’on doit d’ailleurs valoriser, un imposant dispositif sécuritaire a ordonné à la personne qui gère le point de vente illégal précité de quitter les lieux. Les forces de l’ordre ont effectué leur mission dans les règles de l’art en dépit de la résistance de la personne en question qui était armée d’un couteau, ce qui a causé par ailleurs la blessure de l’un des agents de police, selon le témoignage rapporté à La Presse par le chef du secteur du Kram (Omda). Cette fois, c’est la bonne pour «l’occupant venu d’ailleurs» qui n’était jamais en odeur de sainteté dans ce lieu occupé sous le regard ahuri des habitants du coin et du propriétaire de la boulangerie.

Chasser le naturel…

Leur joie fut de courte de durée, puisque le lendemain, la même personne est revenue occuper à nouveau le lieu, affichant un air de triomphe. A ne plus rien comprendre. L’explication nonofficielle, mais relayée par certaines sources fiables, n’est pas convaincante. Les autorités procèdent selon un ordre de priorité préétabli, nous soulignent-ils. Entre-temps, c’est la rumeur qui s’est installée et les gens ont commencé à douter de l’efficacité de ces campagnes. Contacté à cet effet, le membre du Conseil local (Kram ville), Slim Achour, n’a pas manqué lui aussi de manifester son étonnement. Il a toutefois ajouté que cet étalage anarchique finira par être prochainement démonté.

Entretemps, d’autres vendeurs à la sauvette, chassés des alentours du marché municipal Ennour au Kram, ont ressurgi comme par enchantement, profitant des moments de répit observés au niveau des campagnes menées dans le cadre de la lutte contre les étals anarchiques. Il est vrai que les forces de l’ordre ne peuvent contrôler les lieux quotidiennement. Mais le retour inquiétant des étals anarchiques vient confirmer la nécessité de changer de stratégie et d’action de lutte.

Rappelons à ce titre que le Chef de l’Etat, Kaïs Saïed, a jugé indispensable de rompre avec les méthodes habituelles qui n’ont pas prouvé leur efficacité dans la lutte contre le monopole et la spéculation. À ce titre, il y a lieu de préciser que deux phénomènes reposent fondamentalement sur les étals anarchiques et les vendeurs à la sauvette. Les autorités sont donc appelées à ne pas se contenter d’une ou de deux campagnes de contrôle, Il faut réfléchir à une nouvelle politique, comme l’avait souligné le président de la République.

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